Tout savoir sur le chocolat équitable
Contre la déforestation, et pour les droits humains, nous défendons un cacao équitable
Tout au long du mois d'avril, à l'occasion des fêtes de Pâques, Artisans du Monde lance une campagne autour du cacao afin de (ré)affirmer l'importance du commerce équitable dans une production et une consommation respectueuses de l'environnement.
Nous vous invitons en boutique les 31 mars et 1er avril de 10h à 19h pour des dégustations de chocolats !
En France, 15 000 tonnes de chocolat sont vendues chaque année à Pâques. Pourtant, le marché mondial du cacao est le reflet de dysfonctionnements économiques, sociaux et environnementaux toujours plus importants.
En assurant un revenu décent aux producteurs et aux productrices de cacao, le commerce équitable permet une transition vers des modes de production plus respectueux de l’environnement et de la santé des personnes. C’est le cas de l’agriculture biologique associée à des pratiques d’agroforesterie dont on vous parle aussi plus bas.
Du chocolat au prix d’une large déforestation
Pour répondre à la demande croissante en chocolat, des forêts tropicales sont rasées afin d’y planter des cacaoyers favorisant la culture intensive du cacao.
La culture du cacao est la première cause de la déforestation en Afrique de l’Ouest, qui concentre à elle seule 70% de la production mondiale de cacao.
Souvent victimes d’un prix trop bas et/ou de récoltes insuffisantes, les producteurs et productrices vont chercher à produire plus et par conséquent, à étendre leurs surfaces au détriment de la forêt. En effet, le prix du cacao a été divisé par 3 en 30 ans et les producteur·rice·s de cacao ne reçoivent plus que 6% du prix payé par les consommateur·rice·s pour leurs produits chocolatés contre 16% dans les années 1980. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié des planteurs de cacao ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1,20 dollar par jour.
La culture intensive de cacao génère une faible productivité des sols, amenant alors à abandonner sa parcelle pour en cultiver une nouvelle.
La Côte d’Ivoire a perdu 90% de son couvert forestier depuis 1960. Selon certains écologistes, la totalité des forêts ivoiriennes auront disparu d’ici 2034 si la tendance ne s’inverse pas.
Les conséquences de la déforestation
La déforestation exerce des impacts négatifs irréversibles sur la biodiversité, la santé des sols et la capacité d’adaptation des écosystèmes face aux changements climatiques.
D’après France Environnement Nature, "la déforestation liée à la culture de cacaoyer accélère également le dérèglement climatique. À l'échelle mondiale, la déforestation serait responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, l'Afrique de l'Ouest représente un quart de ces émissions".
La déforestation est la seconde cause de disparition des éléphants, après le braconnage, mais ce n'est pas le seul animal à en subir les conséquences : "Les forêts tropicales denses qui disparaissent sont normalement le lieu de vie de chimpanzés, d'hippopotames nains, d'écureuils volants, de pangolins, de léopards et de toute une myriade d'espèces animales et végétales qui vivent dans et grâce à cette luxuriante jungle."
Le changement climatique qui affecte la qualité et la quantité des récoltes menace également la viabilité des cultures de cacao à travers le monde. « Quand il n’y a plus de forêt, la fertilité naturelle du sol se perd, la production décroît petit à petit. Il faut alors utiliser des produits chimiques qui polluent les sols, l’eau et nuisent à la santé », pointe Cesar Paz, président du label Symbole des producteurs paysans (SPP).
Un cacao écologique grâce au commerce équitable
En assurant un revenu décent aux producteurs et aux productrices de cacao, le commerce équitable permet une transition vers des modes de production plus respectueux de l’environnement et de la santé des personnes. C’est le cas de l’agriculture biologique associée à des pratiques d’agroforesterie.
L’agroforesterie est un mode de culture qui associe différentes espèces d’arbres et de végétaux, le plus souvent autour d’une espèce principale dans le but de créer un écosystème favorable à l’ensemble des espèces en présence. En ce qui concerne le cacao, l’une des solutions est de replanter des arbres d’ombrage, qui protègent les cacaoyers du soleil. Cela permet aussi de mieux anticiper les impacts du changement climatique et de produire un chocolat de meilleure qualité.
En 2021, la loi Climat et résilience est venue réaffirmer le rôle essentiel du commerce équitable dans la transition écologique. L’article 275 (chapitre II – Développer l’agroécologie) a ainsi fait évoluer la définition légale du commerce équitable encadrée par la loi ESS de 2014. Jusque-là articulée autour de sa mission historique de juste rémunération des producteurs, elle ajoute désormais un principe clé : la valorisation des modes de production respectueux de l’environnement et de la biodiversité, tels que l’agroécologie.
L’association romande des Magasins du Monde a récemment comparé l’empreinte carbone d’un chocolat issu du commerce équitable (cacao provenant de El Ceibo, également partenaire d’Artisans du Monde) et celui d’un chocolat du commerce conventionnel (cacao provenant d’Afrique de l’ouest).
Les éléments suivants ressortent :
La déforestation du cacao conventionnel a un impact massif sur l’environnement, exprimé ici en termes de changement climatique. Ceci est dû à une extension importante des plantations de cacao à l’intérieur des forêts ouest-africaines, dégradant celles-ci progressivement et à très large échelle.
Hors déforestation, la culture du cacao bolivien a moins d’impacts que le cacao conventionnel, en raison des pratiques agroforestières exemptes de phytosanitaires chimiques et peu mécanisées.
Le traitement des cabosses est aussi mieux réalisé pour le Mascao, car la pratique du compostage est plus répandue en agroforesterie, ce qui réduit les émissions de méthane des cabosses lorsqu’elles fermentent en tas.
La déforestation importée désormais interdite par l’Union européenne
À travers une nouvelle réglementation adoptée en décembre 2022, l’Union européenne interdit l’importation de produits issus de la déforestation. Deux critères définissent le droit « d’entrer » sur le marché européen : les produits ne doivent pas être issus de la déforestation depuis le 31 décembre 2020 et le produit doit être légal au regard de son droit national.
Les acteurs du commerce équitable saluent l’ambition de cette mesure qui vise à réduire l’impact des échanges commerciaux et de la consommation de l’UE sur le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Mais ils appellent les institutions européennes à articuler cette lutte contre la déforestation avec les enjeux de respect des droits humains et l’accès à un revenu décent pour les petit∙e∙s producteur∙rice∙s.
"Seul un prix équitable et la garantie de revenus décents peuvent donner aux petit·e∙s producteur·rice∙s les moyens d’investir dans la transition agroécologique et dans la mise en conformité avec les exigences de traçabilité"
rappelle Julie Stoll, Déléguée Générale de Commerce Équitable France, dans un communiqué de presse.
Les actions de nos organisations productrices partenaires
L’exemple de EL CEIBO (BOLIVIE)
L’exemple de Norandino (Pérou)
La coopérative agit sur le plan environnemental à travers un programme de reforestation dans la « Sierra de Piura ». Une replantation sur des cycles longs est menée sur des terres peu fertiles par les populations vulnérables qui y trouvent un soutien économique important. Norandino a également beaucoup investi dans la diffusion de techniques de production biologiques (qui garantissent un café et un cacao de haute qualité) : rotation des cultures, recyclage de la matière organique, création d'engrais naturels, lutte contre les maladies des plantes et exclusion de tout produit chimique … l’environnement est protégé et la biodiversité préservée.
L’exemple de Fair Afric (Ghana)
Un système agroforestier qui permet aux producteurs et productrices d’améliorer leurs revenus à travers la diversification des sources de nourriture et en devenant moins dépendants du marché du cacao.
Les agriculteurs et agricultrices augmentent leurs rendements en cultivant le cacao en association avec d’autres cultures.
Une agriculture biologique, en bannissant l’utilisation de produits chimiques de synthèse
La préservation des forêts existantes
La plantation de nouveaux arbres (arbres d’ombrage et arbres fertilisants)
Des formations proposées aux agriculteurs.trices afin qu’ils.elles adoptent des pratiques agricoles durables (maintenir la fertilité des sols, protéger l’environnement, lutter contre l’épuisement des sols).
Les unités de transformation sont équipées de panneaux solaires, qui couvrent 68% de leurs besoins en énergie.
L’exemple de Conacado (République dominicaine)
L’organisation permet à ses producteurs d'être des entrepreneurs responsables en les sensibilisant aux enjeux environnementaux en mettant l’accent sur une gestion durable des exploitations.
La prime de développement local de la coopérative sert au financement d’un plan pluriannuel de conversion à la culture bio de cacao. Elle garantit que 90 % de sa production est biologique.
La coopérative possède une usine de transformation pour produits semi - finis à base de cacao. Cela permet aux producteurs de proposer des produits semi-finis qui rapportent plus d'argent à la vente que les fèves de cacao non transformées.